L’eau de Javel et l’acide : cocktail explosif pour l’air ambiant
Le mélange Bête noire des toxicologues : eau de Javel + vinaigre ou détartrant acide.
- Mécanisme : l’hypochlorite de sodium (Javel) libère du chlore gazeux (Cl) en présence d’un acide.
Équation-type : NaClO + 2H → Cl + Na + HO
- Effets : le chlore gazeux, irritant très toxique, attaque les yeux, les voies respiratoires.
Chiffre : Selon le Larousse Médical, l’inhalation à partir de 3 ppm peut entraîner des irritations, au-dessus de 30 ppm le risque d’œdème pulmonaire est réel.
Bases + acides : la neutralisation, oui… mais tout dépend du contexte
Mélanger un détartrant acide (vinaigre, acide citrique) avec un nettoyant basique (soude, ammoniaque) conduit le plus souvent à une neutralisation. C’est le principe même de la chimie acido-basique : les ions H et OH disparaissent au profit de l’eau (HO) et d’un sel (chlorure de sodium par exemple).
Résultat : efficacité des deux produits… annulée ! Pas de danger immédiat, sauf projection ou formation d’un sel insoluble, parfois irritant.
L’ammoniaque et la Javel : la recette du gaz moutarde miniature
Le duo ammoniaque (+ ammoniac NH ou dérivés) et eau de Javel n’est pas en reste :
- Il génère de la chloramine (NHCl), gaz toxique, responsable de nombreuses hospitalisations domestiques chaque année (ECHA).
- A forte concentration ou en espace fermé, le mélange peut même engendrer, outre des chloramines, un peu de “gaz moutarde” (très toxique, utilisé comme arme chimique autrefois !).
Mélange d’oxydants : vers la surenchère réactive
La tendance aux “désinfectants renforcés” révèle de nouveaux risques :
- Javel + peroxyde d’hydrogène = formation possible de perchlorate, substance très oxydante et potentiellement explosive.
- Mélange de deux désinfectants à base d’oxydants (eau oxygénée, peroxyacides, hypochlorite) : réactions violentes, émission d’oxygène actif, risques de brûlures chimiques.
Chiffre : L’ANSES a recensé en 2022 une hausse de 47 % des appels liés aux intoxications par mélange inapproprié d’oxydants ménagers durant la période Covid, preuve d’un usage “au feeling” trop fréquent (ANSES, 2022).
Mousses, dépôts, odeurs : réactions spectaculaires mais “inoffensives” ?
Certains mélanges produisent de la mousse (acide + bicarbonate, acide citrique + soude), des dépôts blancs (sels insolubles), ou de fortes odeurs (composés soufrés, amines volatiles de l’ammoniaque). Là, le danger n’est généralement pas immédiat : il s’agit d’une neutralisation classique, bien connue des laboratoires scolaires… à l’exception des projections oculaires !
Anecdote scientifique : En 2020, une vidéo virale montrait un évier “explosant” de mousse blanche après mélange d’acide et de bicarbonate. Si le spectacle est inoffensif, la pression exercée par le CO formé peut fissurer les canalisations fragiles (source : INRS).